Cette nuit-là, je m’en souviens comme si c’était hier.
La neige tombait à gros flocons. Les camions de déneigement descendaient et remontaient la rue où je demeurais alors et qui surplombe la partie basse de la ville de Québec. La messe de minuit annonçait son entrée solennelle au son des cloches des événements heureux. Ma mère nous habillait après nous avoir laissés dormir plus longtemps que prévu. Ma mère n’aimait pas nous sortir du sommeil. Son amour maternel lui interdisait cette pratique. Même pour les jours d’école. Elle a finit par s’y faire ! 10 enfants de 5 à 25 ans, à peigner, brosser, conseiller, tous en même temps. Les larmes, les cris, les non ! Je ne veux pas y aller ! Et le froid qui nous attendait au dehors avec une nuit de pleine lune. Mon père, heureux comme un poisson dans l’eau vive, laissait tourner le moteur de l’auto , afin que ma mère n’ait pas trop froid dans son manteau de vison !
La nuit de Noël, les québécois dans le froid et la neige, cette nuit polaire où tout le monde regarde vers le ciel, voir si elle est là, l’étoile du nord que les bergers ont suivie pour trouver l’enfant né dans l’étable. Il y a quelque chose de beau dans ça!
Et toujours, cet espoir du beau, du bon, du magnifique, dans ce froid qui est le nôtre.
Je pleure dans la nuit qui sévit…
Pourquoi aime t’on Noël et d’autres pas ?
Je souris quand le jour resurgit…
Un château de cartes, prêt à s’effondrer, fragile comme la petite fille aux allumettes.
Je pleure dans la nuit qui sévit…
Et Noël, pourquoi n’incarnes tu pas la paix pour tout le monde ?
J’ai gardé un souvenir de cette nuit- là.
Sur la page couverture du journal, le matin 24 décembre 1969, une photo en gros plan d’une mère Vietnamienne et de son bébé dans ses bras, la guerre faisait trêve de 24 heures.
Un moment de paix…