Un matin d’hiver glacial et ensoleillé.
La sitelle décide de demeurer dans le froid pays.
Une sorte de lanterne, sombre et grise pend en dessous d’un toit de grange.
Une mésange aux allures de petite religieuse ,s’agrippe ardemment à ses murailles ; elle plante son bec dans les cavités métalliques et repart sur la branche de l’arbre voisin.
La sitelle en profite pour calmer sa curiosité, vole en surplomb et atterri sur la lanterne. Qui est remplie de graines.
Le cul en l’air, la tête vers le bas, la trouvaille valait le méchant coup de bec de la mésange outrée par le méfait de sa cousine volatile.
La sitelle se retourne et d’un coup d’aile fait vriller la mésange sur elle- même, retombe sur ses pattes, et repart sur un tête à queue qui déstabilise sa rivale brune et blonde.
C’est ma mangeoire dit celle-ci d’un air possessif.
Je la veux, dit l’autre en secouant son cul vers le ciel bleu.
Un matin, les cages noires sont vides. Plus de graine.
Un pic bois de bonne taille est passé par là et a fait le ménage.
L’endroit se tait, les mésanges et les sitelles ont disparues.
Mais, quelqu’un vient remplir les lanternes de métal.
Aussitôt, la sitelle volette autour, suivi pour cela par la mésange.
Il ne fait pas froid. Le soleil n’y est pas. La voûte céleste est blanche crémeuse.
Le vent s’est couché, tapi dans le fond des arbres de la forêt.
Le solstice a fait virer de bord, la terre vers les jours plus longs.
Ce fut fait il y a 7 jours déjà.
Le silence joue de la flûte de Mozart. Il faut l’entendre par delà les bruits de la ville.
Au loin, elle ronronne comme un chat qu’on caresse.
la mésange revient vers son festin. Une chatte aux pattes de velour se tapie sur le bord de la rambarde, sous le toit de la grange. Elle l’observe.
Aucun intérêt. Finalement les croquettes sont meilleures au goût et elles bougent moins.
Un court instant, la lumière du soleil transparaît les nuages.
La terre se réchauffe et devient la mère des hommes et des oiseaux.
Le pic bois revient, vêtu de sa chemise blanche à losanges noirs.
L’ombre de ses ailes fend la lumière. Il est inoffensif. Seulement trop grand dans ses habits de gala.
Lorsqu’il prend possession de la lanterne remplie de graines, il essaie de faire des trous nouveaux avec son bec qui lui sert de maillet.
Une graine vaut bien un vermisseau, songe-t’il.
À la tombée du jour, reviennent les oiseaux. L’heure mauve remplit le décor.
Le silence se fait plus sourd. Les pas des hommes bruissent dans la neige.
La lanterne se balance au bout de son anneaux de fer.
Et la danse recommence entre la mésange et la sitelle.
L’une arrive, l’autre repart, elles se fusillent du regard.
Le pic bois a trouvé refuge dans les cèdres sous les érables.
Il attend la nuit.
Une chouette le fixe et lui accorde un répit.
Demain, au lever du jour, la lanterne lui offrira son premier repas qu’il disputera à ses cousines ailées.